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Focus · mai 2025

Gustav Meyrink, témoin incompris de l’éveil spirituel

Meyrink Gustav

Gustav Meyrink (1868-1932), avec son style résolument ésotérique (voire fantastique), est sans doute l’un des écrivains les plus controversés de son époque. Sa vie est une longue quête dans le domaine de la connaissance ésotérique, où certaines facultés de médiumnité lui permettaient d’intégrer tel ou tel courant de tradition secrète – en s’initiant par ‘réflexion‘, pourrait-on dire.

Meyrink se définit lui-même comme un artiste de la vie ‘magique-suggestif’, et définit sa conception de la littérature : « suggestion magique ». Les images, pensées et sentiments qu’il évoque sont destinés à toucher le lecteur au plus profond de son être intérieur. Voici ce qu’il en dit :

« Le pouvoir de la vision intérieure fut la raison première pour laquelle je devins écrivain ; les empêchements extérieurs furent surmontés au fur et à mesure, et les idées qui me poussèrent à écrire des histoires fantastiques furent toujours des images, des situations, ou des visages qui m’étaient apparus. Des visions qui, soit clairement, soit à travers des symboles, me donnaient des avertissements, des conseils, des enseignements. »

D’emblée, tous ses romans et nouvelles nous hantent, nous envoûtent, nous oppressent, nous font entrevoir le grand sérieux d’un chemin d’éveil. Car à propos de la voie qui mène à l’éveil, Meyrink parle de la « domination magique de la pensée », qui n’a rien à voir avec les habituels exercices stéréotypés de ‘concentration mentale‘. La lutte pour l’immortalité est une bataille pour maîtriser les songes et les fantômes qui ont élu domicile au fond de nous.

Le personnage central de ses romans est presque toujours un exilé, un étranger au sens gnostique : celui qui se souvient, et qui doit rechercher la grande libération qui le fera enfin recouvrer la glorieuse condition originelle.

La dimension initiatique dans son œuvre tient dans ce que Meyrink vivait véritablement ce qu’il écrivait. D’une manière inimitable, tous ses romans arrivent à la source de la joie du réel, de l’original, du divin qui se cache au cœur de chaque être humain.

Meyrink, né le 19 janvier 1868, s’est éteint le 4 décembre 1932, complètement conscient. Il est l’exemple de l’être humain en quête, à l’approche de l’ère du Verseau. D’après Jan van Rijckenborgh,

« L’œuvre de Meyrink forme un lien entre l’occultisme et le transfigurisme. Beaucoup, pris dans le mouvement occulte de nombreux groupes, peuvent découvrir à travers lui le lien de connexion voulu et trouver la voie vers le chemin transfiguristique de la libération. »

La vie de Meyrink comporte deux phases :

– une vie sociale initialement réussie, qui se termine par la faillite aux mains de ses nombreux ennemis,
– et une période d’écriture au cours de laquelle, à travers une atmosphère pleine de mystère, il exprime d’une manière profondément spirituelle (et avec une foi absolue) la mission ultime de tout être humain : libérer l’âme-Esprit enfouie en l’être.

Chercheur, individualiste, sceptique, parfois même cynique : beaucoup se reconnaissent en cette figure frappante qui, au début du XXe siècle, a exploré pratiquement tous les aspects de la voie du chercheur ésotérique. Ses rapports, qui passent en revue les méthodes spirituelles orientales et occidentales, sont une mine d’informations. Avec son intuition spirituelle, Meyrink perce l’épais nuage de l’erreur et de la tromperie, et laisse son lecteur respirer à nouveau l’air libre spirituel. Dans le plus profond du soi intérieur, Meyrink ‘voit‘ le visage de la « figure aux jeux morts » ou du « vieil homme », c’est-à-dire : l’être originel véritable caché dans les profondeurs de l’homme lui-même.

Pour un chercheur de la sagesse, la vie de Gustav Meyrink est certainement exemplaire : il est extrêmement rare qu’un chercheur parvienne à parcourir tous les chemins du domaine ésotérique de la vie – pour finalement retrouver le but final de la Vie.  Ayant entrevu l’être originel caché au fond de son être, le visage du « Vieil homme », de « l’autre », il est finalement arrivé à comprendre qu’il ne s’agit pas de devenir lui-même un maître, mais de libérer le divin qui est en lui.

Nous lisons, dans « Le Cardinal Napellus » :

« Vous attachez aussi peu d’importance que moi à la science, professeur. Avouez donc que la science n’est qu’un prétexte. Faire quelque chose, n’importe quoi : la vie, la vie atroce a desséché nos âmes, nous a volé notre moi le plus intime, ce qui en nous est le plus profondément nous-mêmes. Afin de ne pas hurler sans cesse notre douleur nous poursuivons des marottes puériles, pour oublier ce que nous avons perdu. Seulement pour oublier. Soyons sincères envers nous-mêmes ! »

Meyrink a le mérite de démystifier avec acuité tous les pièges et chimères de l’au-delà et d’ouvrir ainsi la voie à tous les vrais chercheurs, leur permettant d’épargner beaucoup de temps et de souffrance.

Le voyage initiatique de Meyrink commence par une citation de Bouddha : « Toutes choses procèdent du cœur, elles naissent dans le cœur et sont liées au cœur ». Son chemin l’a mené à intégrer la Société Théosophique, à s’intéresser au yoga, à l’alchimie, à la kabbale ; à des expériences télépathiques etc…

« L’Unique raison d’être de la vie, c’est l’accomplissement de nos âmes. Celui qui vit sans jamais perdre de vue cette fin, sans jamais regarder en arrière, et qui l’a constamment présente et vivante à l’esprit chaque fois qu’il entreprend ou décide quoi que ce soit, celui-là ne tarde pas à recevoir en partage une paix ineffable qu’il n’avait jamais connue jusqu’alors, et sa vie, de manière inexplicable, prendra une autre orientation.
Pour celui qui œuvre comme s’il était immortel, non pas pour atteindre l’objet de son désir ( ce qui ne peut être un but que pour les aveugles spirituels), mais pour édifier le temple de son âme, – pour celui-là luira le jour, fût-ce au bout de plusieurs millénaires – où il pourra dire : je veux, et la chose arrive, ce que j’ordonne s’accomplit sans avoir besoin d’être longuement mûri. – alors la sagesse des saints sera peu de chose au regard de la tienne, car ils ne savent pas ce que tu sauras ; que l’éternité et la paix, ce peut être la même chose que la vie pérégrinant et l’infinitude ! »

Le Dominicain blanc, éditions La Colombe

Dans « Le Golem » préfacé par Louis Pauwels (éditions La Colombe), nous trouvons ce si beau passage qui justifie l’importance, dans tous les romans de Meyrink, du mystère du masculin et du féminin :

« Sur le chemin initiatique il y a le mystère de deux polarités, masculine et féminine, qui vise à ce que le Roi et la Reine se trouvent unis en l’être, et qu’ainsi se réalisent en l’adepte les Noces Chimiques libératrices. »

Ce grand mystère magique est traité magistralement sous ses diverses formes par Meyrink : celui d’une victorieuse conjonction des deux polarités, seule condition pour que l’unité triomphe. Dans « Le Visage vert » peut d’ailleurs lire :

« Mais si un homme réussit à franchir le pont de la vie, c’est un bonheur pour le monde… une chose est nécessaire : un seul ne peut y réussir, il a besoin pour cela d’une compagne. L’union d’une force masculine et d’une force féminine, c’est là le sens secret du mariage, que l’humanité a perdu depuis des millénaires. »

Parcourons ensemble quelques-uns des extraits les plus frappants de son œuvre !

« – Tout ce qui ne vient pas de l’esprit n’est que poussière inerte, et nous ne voulons prier d’autre Dieu que celui qui se révèle dans notre âme.

– Et vous croyez que si je crie vers Dieu , comme vous le dites, mon destin va en être modifié ?

– Immédiatement ! Seulement, il ne se modifiera pas : ce sera comme un cheval qui prend le galop tandis que jusqu’alors il allait au pas. Si vous voulez vraiment que votre destin aille au galop, il faut invoquer le noyau vital de votre être, ce noyau vital sans lequel vous ne seriez qu’un cadavre (et encore, même pas cela) et lui ordonner de vous conduire par le chemin le plus court au grand but, le seul qui soit digne d’efforts, si peu que vous le  reconnaissiez maintenant, de vous y conduire sans pitié, sans précipitation, au travers de la maladie, des souffrances, de la mort et du sommeil, au travers des honneurs, de la richesse et de la joie, en avant, toujours et sans cesse en avant, au travers de tout, comme un cheval qui appris le mors aux dents et qui traîne une voiture par les champs et sur les pierres et le long des fleurs et des bosquets fleuris ! C’est cela que j’appelle : crier à Dieu ! Il faut que ce soit comme un vœu devant une oreille attentive. »

Le Visage vert, éditions La Colombe

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« Pour pouvoir marcher sur le chemin de la libération, il suffit de briser tous les mirages qui sont annexés au monde spatio-temporel. Sur le point de la séparation aux limites du temps, il faut dire adieu aux forces de l’espace spatio-temporel. Ces forces spatio-temporelles, contraintes par leur nature, tentent de nous maintenir dans la nature de leur terre. »

L’Ange à la fenêtre d’Occident

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« Nous savons qu’il n’y a pas le bien et le mal, mais seulement ‘vérité’ et ‘erreur’… nous savons que l’état d’éveil est un réveil du Moi immortel, et que si le corps ne dort pas, cela en est la conséquence naturelle. Nous savons qu’il n’y a pas de péché, que le corps est le commencement par lequel nous devons commencer, et que nous sommes descendus sur terre pour le changer en esprit… Nous savons que notre esprit doit s’en aller d’abord dans la solitude pour transfigurer notre corps. »

Le Visage vert, éditions La Colombe

Avec la publication du Golem (1926), le thème de la voie du ‘réveil spirituel‘ prédomine dans ces œuvres.

« La vie ‘normale’ est une ‘léthargie’ pendant laquelle nous sommes des somnambules qui ne connaissons pas la raison de nos actions : seulement celui qui se connaît soi-même se réalise spirituellement d’une façon totale, et peut être considéré comme une vraie personne, complète et intégrale. Par conséquent, seul celui qui est ‘vivant’ de la manière qu’on vient de définir dans ce monde, le restera aussi dans l’autre, seul celui qui est ‘éveillé aujourd’hui le restera par la suite. »

Témoignage de Meyrink, dans l’Herne.

Sur la tombe de Meyrink est écrit le mot ‘Vivo‘ :  ‘Je suis vivant‘. Hommage à celui dont la vie fut consacrée tout entière à la recherche de l’éveil intérieur !

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