Description
Extrait du livre:
PREMIER LIVRE DES ARCHIDOXES
de Paracelse Le Grand
Prologue et Microcosme
Nous devons considérer notre misère et notre abandon, chers fils, et combien nous avons souffert des incommodités et de la faim, entourés de mépris et ne pouvant ni nous épanouir ni être consolés. Longtemps, nous avons été les successeurs de la médecine, telle que les anciens l’avaient décrite, prisonniers de cette indigence, pleins de détresse et liés par des chaînes amères pour notre plus grand malheur. Sans parler de nos hésitations pour lesquelles les anciens ne pouvaient nous être d’aucun secours avec leurs vieux livres erronés. Et il y a beaucoup d’autres raisons que nous n’indiquons pas ici.
Nombreux sont les docteurs qui se sont enrichis grâce aux anciens, non par des pratiques dignes d’éloges, mais par une quantité de mensonges. Pour notre part, nous gardons présente à l’esprit la façon dont nous souhaitons atteindre une certaine fin et par quelle pratique. Devant nous se tiennent les grands et merveilleux mystères de la nature dont, plus que jamais, nous faisons l’expérience. Il est donc juste de réfléchir comment l’art qui se tient près de ces mystères se comporte envers ceux qui n’y parviennent pas.
Débarrassé de ses entraves, le mystère de la nature se présente comme un homme naguère prisonnier mais qui serait à présent, lui aussi, débarrassé de ses liens et dont le cœur serait libre. Le mystère de la nature est dans le corps comme un feu dans un bois ; ce bois est mouillé et voudrait brûler mais il n’y parvient pas à cause de l’humidité. Si donc existe un vice similaire dans les choses, il faut l’éliminer. S’il est éliminé, l’art de la séparation, comparé à celui du parfumeur, apparaît comme une lumière dans l’obscurité. Et nous n’indiquons pas cela par orgueil, mais uniquement parce que l’oeuvre des coquins nous déplaît dont se servent les apothicaires et leurs médecins. C’est pourquoi nous la nommons avec raison une obscurité, et [les officines où elle est préparée] des repaires de brigands. Car bien des gens sont soignés par ces ignorants et ces maladroits à cause de leur argent ; s’ils n’en possédaient pas, ils seraient déclarés sains par ceux-là qui savent fort bien qu’ils ne sont d’aucune aide avec leurs grossiers conseils.